L'avenir de la formation commando de l'armée de Terre

L'avenir de la formation commando de l'armée de Terre

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Bienvenue dans Defense Zone, le Podcast qui traite des questions de défense et de sécurité à travers des entretiens avec des militaires, des membres des forces de l'ordre, des personnalités politiques, ou encore des entrepreneurs. L'objectif de cette émission audio disponible sur toutes les plateformes en ligne de Podcast est d'ouvrir au grand public les portes d'un univers d'ordinaire plutôt secrets, dans le but de donner à réfléchir à des questions qui nous concernent tous, qu’elles soient politiques, géopolitiques, économiques ou plus largement sociétales.

 

Dans ce nouvel épisode, nous sommes de retour au Centre National d'Entraînement Commando (CNEC) pour nous entretenir avec l'adjoint du chef du bureau entraînement instruction et parler des spécificités et de l'avenir des différentes formations dispensées aux cadres de l'armée de Terre, notamment en termes d'aguerrissement. Retrouvez notre reportage sur le CNEC dans notre dernier numéro du magazine!

 

Présentation

Le Commandant Christophe est chef de bataillon au CNEC-1er régiment de choc, et plus précisément adjoint du chef au bureau instruction. Il est en charge des études et de la prospective, ce qui consiste à remplacer le chef du bureau en cas d’absence, gérer certains dossiers et se projeter dans l’avenir en étudiant de nouvelles pistes de formations. Avant ça, il était détaché au Ministère de l’outre-mer, dans un régiment du service militaire adapté (RSMA) où il était en charge de la formation professionnelle. Il a pu devenir instructeur des techniques commandos, et commander un centre d’aguerrissement outre-mer, avant de prendre son poste actuel au centre national d’entraînement commando.

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Le CNEC

Le centre national d’entraînement commando reprend historiquement les traditions de ceux qui ont servi dans les bataillons de choc.

Le centre et les cadres

Le CNEC est installé à Mont Louis depuis le début des années 1960, mais il dispose d’un deuxième site à Collioure. Chacun d’eux dispose de « spécificités rattachées aux lieux dans lesquels ces deux sites se situent », précise le commandant Christophe : Mont Louis est un milieu montagneux permettant de dispenser un certain nombre d’activités commandos, tandis que Collioure est dédiée aux activités nautiques (palmage, kayak, zodiac etc.) mais aussi de franchissement.

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Le CNEC accueille tous les cadres de l’armée de Terre, mais aussi ceux d’autres armées voire même de gendarmerie : « de l’initiation à l’instruction des techniques commandos, en passant par l’aguerrissement ou le monitorat, tous les cadres sont à même de venir présenter leur candidature, pour ensuite pouvoir dispenser des formations commandos dans l’ensemble des régiments de l’armée de Terre », explique l’officier. Les cadres du CNEC quant à eux, ne sont pas forcément d’anciens commandos, mais sont tous passés par le centre ; ils viennent de l’infanterie mais aussi des transmissions, de l’artillerie, ou d’unités spécialisées. Cette diversité de profils est une vraie plus-value selon le commandant Christophe. Il tient tout de même à préciser que s’ils connaissent déjà tous les lieux, être stagiaire et effectuer de l’encadrement et de la formation est bien différent. Pour la majorité, les cadres sont devenus instructeurs des techniques commandos, et parmi eux, une quarantaine compose le groupement d’instruction des stagiaires dont la mission est la formation.

 

La formation

La formation du CNEC est issue d’un programme d’études, amené à évoluer selon les besoins de l’armée. Elle repose sur des principes de bases qui ont fait leurs preuves, divisés en quatre domaines d’instruction référencés dans lesquels les cadres du CNEC viennent piocher : entraînement physique et psychologique, combat, instruction technique et tactique, adaptation au milieu. Le commandant Christophe détaille : « à partir de là, on va faire du franchissement de coupure humide, du franchissement terrestre, on va faire du rappel, de l‘escalade, un passage à gué, utiliser les moyens de navigation, on va faire du combat corps-à-corps adapté au combat de haute intensité (C4), on va travailler sur ce qu’est la survie etc. » Il poursuit en affirmant que ces quatre grands domaines de formation sont « quelque chose de récurrent et immuable. Sortir de tout ça peut s’apparenter à de l’innovation, mais ça se raccroche systématiquement à ces quatre domaines. Ce qu’on va faire évoluer, c’est le volume horaire consacré à l’un ou l’autre de ces domaines. » C’est-à-dire qu’à un moment le tactique sera privilégié au technique, ou au combat, puis inversement. L’aguerrissement moral est tout aussi important que le physique, car il permet d’atteindre « des limites qu’on va aller repousser ».

 

Montrer pour former

« Toute l’instruction est basée d’abord sur la démonstration », indique l’adjoint au chef du bureau instruction. Des premiers tests d’entrée jusqu’au déroulé sur piste rouge ou comment manipuler des explosifs. « Tout se fait de manière progressive », surenchérit-il : l’instructeur démontre d’abord l’activité ou la séance, et fait ensuite pratiquer, avec l’objectif que tout le monde réussisse. Cet objectif n’est pas toujours atteint, mais pou lui l’essentiel est que « chacun puisse évoluer dans sa marge de progression. » Il rappelle aussi qu’une personne peut être très bonne dans un domaine mais moins bonne dans un autre, et que son camarade à côté peut être l’inverse.

C’est le même principe pour les militaires intégrant le corps des cadres au CNEC. Un stage en interne revoient la pédagogie et une partie théorique avant de passer à la pratique de l’instruction.

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Les échanges avec les pays étrangers

Le CNEC a des accords ou des partenariats avec certains pays, et il peut arriver que des militaires étrangers (d’Allemagne, d’Espagne, de pays africains…) viennent participer aux stages moniteur ou instructeur. De nombreuses autres écoles d’aguerrissement existent dans d’autres pays, et il arrive parfois que le CNEC échange avec elles, comme récemment avec les Belges, dont le souhait était que les cadres du CNEC viennent observer leurs instructeurs. Le commandant Christophe souligne la difficulté de ce type de mission, car les normes d’engagement ou de sécurité (matériel utilisé, longueur du franchissement etc.) ou les techniques, sont différentes entre chaque pays.

 

La sécurité au CNEC

La sécurité est un facteur de plus en plus pris en compte, par l’amélioration du matériel et l’évolution des procédures. Si certains voient ces changements plutôt négativement (en pensant que cela affaiblit les militaires aujourd’hui), pour l’officier du CNEC, « il ne faut jamais considérer la sécurité comme un handicap. Et puis je n’ai pas la sensation qu’on soit entravé par ça aujourd’hui. Tout ce qui est fait dans le cadre de nos stages répond à des normes qu’on s’est fixé. » Il explique par exemple qu’un obstacle sur un parcours d’audace avec un taux d’accidents trop élevé, sera revu pour être moins dangereux. Mais il considère qu’une sécurité accrue peut aider justement à dépasser ses limites : sauter face au vide (gouttière par exemple) avec sécurité est moins intimidant que sauter sans sécurité, et peut se conclure par une réussite au lieu d’un échec.

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Les techniques d’optimisation du potentiel

Le commandant Christophe a suivi il y a quelques années un stage sur les techniques d’optimisation du potentiel (TOP), plus orienté sur la relaxation que l’optimisation du potentiel dans le cadre d’une mission. Les TOP ne sont « pas intégrés dans les programmes du CNEC car le fond de sac est déjà lourd, donc ajouter un volume dédié aux TOP nécessiterait de supprimer quelque chose, et ce n’est pas d’actualité aujourd’hui. » Eventuellement, certaines séances sont menées au sein du centre sur la base du volontariat, pour découvrir voir s’en servir ensuite.

 

 

Dernier conseil

Au CNEC, tous les stagiaires sont confrontés à eux-mêmes et à leurs limites, qu’ils vont devoir repousser. « Pour bien commencer le stage il faut être prêt physiquement », prévient le commandant Christophe. Les tests d’entrée ne sont pas insurmontables, mais l’officier relève qu’il y a malgré tout toujours des échecs. Il faut donc bien préparer sa condition physique pour tenir les quatre semaines. Concernant la préparation mentale : « il faut avoir confiance en soi… et peut-être faire des TOP ?! », conclut l’officier.

 

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